Peintre, sculpteur et écrivain, Patrice Huguier nous a quittés dimanche, et avec lui s’éteint une lumière rare, de celles qui transforment et qui réinventent le monde.

Catégorie : Vie municipale

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[COMMUNIQUÉ] Disparition de Monsieur Patrice Huguier
Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès de Monsieur Patrice Huguier.
Peintre, sculpteur et écrivain, Patrice Huguier nous a quittés dimanche, et avec lui s’éteint une lumière rare, de celles qui transforment et qui réinventent le monde.
Né en 1938, il avait traversé le XXe siècle avec la sensibilité des artistes qui observent pour mieux comprendre. Son enfance fut marquée par la guerre, ses années d’adolescence par les métamorphoses du pays. De ces expériences, il garda le sens du fragile, la conscience de ce qui se perd et se réinvente.
Après les Arts Décoratifs, il approfondit encore son regard en suivant les cours du soir de l’École du Louvre et les conférences des Arts et Métiers avec Jean Prouvé. Ce parcours l’amena au Centre Français du Commerce Extérieur, au bureau architecture.
Là, il parcourut les cinq continents et imagina les scénographies des pavillons français lors des Expositions universelles : inventer des espaces de découverte, de rencontre et d’imaginaire pour le monde entier.
Patrice était un artiste complet, il avait cette capacité rare de donner une forme à l’invisible. Il disait le monde à l’huile ou au fusain, dans la macule d’un imprimeur, dans les sillons d’une gravure, comme dans le bois flotté ramassé sur une grève bigoudène.
Voyageur attentif, carnet en poche et couleurs au bout des doigts, son regard d’aquarelliste s’est éveillé en Amérique du Sud puis en Asie. Plus tard, revenu à l’huile, il créa des paysages d’esprit, des architectures intérieures.
À Romainville, nous avons eu la chance de croiser son univers singulier. Aux portes ouvertes des ateliers d’artistes, ses œuvres attiraient les regards comme des aimants : boîtes d’objets poétiques, paysages imaginaires, architectures qui semblaient flotter, sculptures issues du hasard et de la mer. Celles et ceux qui les ont vues savent qu’il n’y avait chez lui ni artifice ni répétition, seulement la liberté de créer.
Il formait avec Françoise Huguier, grande photographe, un couple de regard, de sensibilité et de création. Élue au siège V de la section photographie de l’Académie des Beaux-Arts, Françoise Huguier portait, lors de son installation le 1er octobre dernier, un sceptre imaginé et façonné par son mari, œuvre d’amour, d’admiration et d’artisanat, symbole vibrant de leur dialogue silencieux entre l’image et la matière.
Aujourd’hui, Romainville perd un grand artiste, mais son œuvre demeure vive, vibrante, intacte.
Patrice Huguier s’en est allé, mais nul ne fait disparaître la trace de ceux qui ont offert de la beauté au monde. Le silence qu’il laisse est plein de couleurs.
Au nom de la municipalité de Romainville, j’adresse à Françoise Huguier, à leur famille ainsi qu’à leurs proches nos condoléances les plus sincères et notre profonde affection.
François DECHY