Romainville commémore ce 23 mai l’abolition de l’esclavage et des traites négrières, temps de recueillement solennel qui s’inscrit dans un devoir de mémoire. La Ville propose également à cette occasion un programme, du 15 au 23 mai, riches en échanges pour se souvenir mais aussi partager avec les Romainvillois·es ce combat, encore d’actualité, pour l’émancipation et l’égale dignité de toutes et tous.
Catégorie : Hommages
Publié le
1794 raisons de lutter !
« À eux permis de se réjouir chez leurs maîtres sans aucun tambourinage. » : les rédacteurs du Code noir avaient déjà bien perçu la puissance libératrice de la musique et du chant pour les esclaves. Le 21 mars dernier, la rappeuse Casey, présente sur la scène du Pavillon dans le cadre du Festival Banlieues Bleues, conjurait la négation persistante de la pleine humanité des Afro-descendant·e·s, dans un rituel emmené par les percussions caribéennes du groupe Expeka. Le 9 avril, à l’occasion de la clôture du Festival Boost porté par Est Ensemble, c’était au groupe de danseur·euse·s de hip hop freestyle Sons Of Wind d’emmener les spectateur·rice·s romainvillois·es dans un moment de célébration collective et libératrice où la communion naît d’un va-et-vient incessant entre la musique et le mouvement. Deux exemples dans un foisonnement artistique dont les racines remontent cinq siècles d’Histoire. Depuis plus de 40 ans, le territoire de la Seine Saint-Denis vibre au rythme des puissances artistiques qui ont fait le creuset du hip-hop en France. Héritier du brassage interculturel, arrimé à l’histoire des minorités, ce mouvement culturel, comme puissance d’affirmation politique, s’inscrit dans des filiations artistiques aussi anciennes que la traite négrière et la résistance vitale à celle-ci : blues, jazz, gospel, capoeira, gwoka, tembé, rap, breakdance, street-art, salsa… C’est cette part foisonnante et lumineuse de la mémoire liée à l’esclavage que célébrera la Ville au cours du temps fort artistique et culturel 1794 raisons de lutter.
Célébrer les puissances d’affirmation
La programmation s’ouvrira le 15 mai au Pavillon avec les mots percutants de la poétesse belgo-congolaise Joëlle Sambi et sa performance Angles Morts, mêlant slam, musique électro et krump. La Maison de la Philo fera cheminer à travers la pensée de la violence et de l’aliénation dans l’œuvre de Frantz Fanon. La jeunesse de Romainville sera à l’honneur lors d’un temps fort intitulé Respire ! où se mêleront performances de breakdance et musique hip hop avec le collectif Box Crew et le rappeur M. Sayyid, ancien leader du mythique groupe new-yorkais Antipop Consortium. Enfin, une soirée cinéma-conférence
aura lieu au cinéma Le Trianon, en complicité avec le Conservatoire Nina Simone, pour un voyage musical entre le Bénin et le Nigéria où persistent les traces de la colonisation mais affleurent aussi et surtout les possibles ouverts par la pensée panafricaine. Autant d’occasion de faire mémoire commune!