La loi Asile et immigration met à jour de manière crue le recul sans précédent de l’égalité des droits de tous les citoyens devant la loi et des valeurs fondamentales, humanistes du pacte républicain.
Catégorie : Solidarité
Publié le
La loi Asile et immigration met à jour de manière crue le recul sans précédent de l’égalité des droits de tous les citoyens devant la loi et des valeurs fondamentales, humanistes au fondement du pacte républicain.
Accès à la santé, au logement, atteintes répétées aux libertés publiques, au droit de manifester, aux libertés syndicales. C’est plus de 2 siècles de luttes citoyennes, politiques et intellectuelles qui petit à petit sont remis en cause, parfois à bas bruit, parfois dans la violence. Face à ce poison lent, notre corps social découvre le pire, souffre, subit, mais ne rompt pas.
Mais avec le vote du texte de loi asile et immigration, une étape supplémentaire a été franchie. C’est aux murs porteurs de l’édifice républicain que ce texte s’attaque. La préférence nationale est légitimée, alors même qu’elle représente la négation de ce qui fonde notre socle républicain commun et alors qu’assurément nombre des mesures contenues dans la loi seront jugées anticonstitutionnelles. L’examen de ce texte a, petit à petit, fait sauter toutes les digues, institutionnalisant un repli sur soi et une crispation identitaire de plus en plus assumés.
Instauration de « quotas » migratoires, rétablissement du délit de séjour irrégulier, déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour homicide volontaire contre toute personne dépositaire de l’autorité publique, entorse au droit du sol par la fin de l’automaticité de l’obtention de la nationalité française, pour les personnes nées en France de parents étrangers, durcissement du regroupement familial, instauration d’une caution pour les étudiants, atteintes au droit à la santé et à la vie familiale, restriction de l’allocation adultes handicapés et des APL… nous ne pouvons souscrire à ce texte et son cortège de mesures discriminatoires autres qui portent en elles les germes de la haine et du rejet de l’autre.
Pourtant, au quotidien, dans notre ville, nous vivons la puissance des chaînes de solidarités qui s’organisent pour les plus fragiles, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, fidèles à la longue tradition d’accueil de la Seine-Saint-Denis. Nous voyons les derniers arrivés sur notre sol laisser la porte ouverte à ceux qui arriveront après eux. Nous vivons cette France d’aujourd’hui et de demain, dont le métissage et le mélange des cultures autour de la devise de la République – Liberté, Égalité, Fraternité – est une évidence.
Chaque année la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNDCH) dresse un bilan de l’évolution à la fois des actes et des préjugés racistes. Dans ce cadre l’indice longitudinal de tolérance produit par le chercheur Vincent Tiberj n’a jamais été aussi haut dans l’histoire qu’en 2022. Ce qui est désormais inquiétant c’est l’évident glissement de certains partis politiques dits de « l’arc républicain » vers les thèses qui nous en éloignent si fondamentalement.
Parce que nous rentrons dans une période trouble et inquiétante dans laquelle des tremblements de terre politiques et sociétaux peuvent s’envisager, déstabiliser notre République sociale, laïque, une et indivisible, il est de notre responsabilité de nous mobiliser face au mouvement en cours et cette acceptation des relents identitaires et discriminatoires de cette loi et de ses porteurs.
Il est de notre responsabilité de montrer cette France, largement majoritaire, de l’acceptation de l’altérité et de la solidarité, bien loin de ce que les ministres et députés de la majorité ont affirmé dans leurs interventions et à travers leur vote de ce texte.
Élus, réélus face à l’extrême droite en se présentant en ultime rempart contre les idées du Rassemblement national, le président de la République et sa majorité viennent de trahir le mandat que leur ont donnés des millions de Françaises et de Français. Ce gage donné à l’extrême droite qui évoque alors légitimement une victoire idéologique, possible préalable à sa victoire dans les urnes.
Cette défaite morale appelle un sursaut républicain et une réponse politique des forces progressistes à la hauteur de ce reniement.
Ainsi, de manière symbolique, à partir d’aujourd’hui, les drapeaux au fronton de l’hôtel de ville seront mis en berne.